Libéralisme LGBT / identitaire
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Ce post est composé d'un récit, puis d'une interprétation/critique/réflexion de la situation.
Récit :
Hier j'étais avec mon copain à un « apéro queer » du coin qui a lieu 1 fois par mois. La soirée est hébergée par la patronne – qu'on appellera Laura – d'un resto/salon de thé végan, après la fermeture.
En arrivant sur place, il y a des gens qu'on connait des fois précédentes, des jeunes de notre age essentiellement, dans la 20/30aine.
Et puis il y a deux personnes plus âgées, un homme et une femme, qui ont plus l'air d'avoir la quarantaine, voir d'en être sur la fin.
Alors que Laura émet l'idée enthousiaste que, la prochaine fois, on est des badges avec nos prénoms, pronoms et "notre" drapeau (déjà, je souffle, mais passons), la discussion tourne autour du fait que les deux personnes plus âgées sont des alliées hétéros dans un pur déploiement de culpabilité, que tout le monde (absolument toustes blanc·hes à part moi, et encore) s'accorde à bénir en la comparant à leur culpabilité blanche (qu'iels ne nomment pas comme tel évidemment).
Genre :
« holala, oui ça fait parti du processus de déconstruction, et c'est O.K. de se sentir attaqué quand les LGBT font des blagues sur les hétéros »,
suivi de trucs genre :
« ah oui, je comprends, c'est comme quand moi en tant que blanche, je suis mal à l'aise quand les noir·es critiquent les blanc·hes, mais c'est O.K. »
anyway, Laura (qui s'identifie comme bie [cis], voire, a déjà eu l'audace de s'identifier comme et de porter la parole des lesbiennes) profite alors de ce sujet pour overshare à propos de sa précédente relation avec un homme :
Celui-ci, alors qu'apparemment il s'identifiait comme hétéro, passait beaucoup de temps en soirée LGBT et partageait avec Laura son étonnement et la friction qu'il ressent quand les gens rient, se moquent et dénigrent les hétéros.
Laura lui aurait alors demandé pourquoi il allait en soirée LGBT, et celui-ci aurait répondu, confus qu'il pensait être LGBT parce qu'en relation libre.
Laura aurait alors répondu de manière sarcastique, dans une volonté de démonstration par l'absurde « Mais tu es quelle lettre de LGBT du coup ? ».
Après avoir bien insisté sur le fait qu'il était vraiment très très hétéro, elle fini par se moquer du fait qu'il était hétéro « très très très curieux ». (AH BON ? on tombe des nues).
Ce petit récit s'est fini par une discrète éloge à son compagnon actuel (encore un homme cis).
Réflexions :
Quel toupet, de la part d'une WLM (pour ne pas dire une hétéra), de se moquer d'un « hétéro très très très curieux » qui passe son temps en milieu LGBT, et de lui faire la Police de l'Identité.
Have you heard about the closet, girl ? Seems like you haven't, and I wonder why.
Heureusement, les gens présents étaient en mode « ah ouais, hétéro curieux… qui passe son temps en milieu LGBT… peut-être que ça cachait quelque chose, tu crois pas ? », parce que moi j'étais en mode I'm politically so far away from this, where do I even begin ?.
Ouais valide et légitime et tout d'accord, mais pas trop quand même stp, abuse pas, redescend un peu, nan ?
Je me suis fait la réflexion que, s'il me revenait un jour la responsabilité d'attribuer la dernière place à un évènement LGBT et que je devais choisir entre :
1) un « hétéro très très très curieux » qui passe son temps en milieu LGBT,
ou 2) une « bie » voire « lesbienne » quand ça l'arrange, qui enchaîne deux relations exclusives à long terme avec des hommes et qui est incapable de voir qu'un « hétéro très très très curieux » qui sort H24 en milieu LGBT est peut-être quelqu'un au fucking placard…
Mais j'hésite même pas et je prends l'hétéro-curieux, il a plus de chance d'être bienveillant et compréhensif et intéressant, malgré toute la "déconstruction" qui lui manque.
Bref, on a le droit d'être Questionning mais pas d'être hétéro curieux apparemment.
Comprenez-moi bien. Je suis pas un fan des hétéros curieux, loin de là. Vu les expériences que j'ai vécues avec eux…
Mais les hétéros qui se la jouent queer et qui se permettent de faire la Police des identités… bah, c'est juste mille fois pire quoi.